Eoliennes : le débat continue

Source : Le Dauphiné Libéré (édition Hautes-Alpes)

Bruis. Si le projet de la vallée de l’Oule suscite toujours des débats, la nécessité de développer les énergies renouvelables est partagée par tous



Distribution de tracts au sommet du col des Tourettes, puis sur les pare brises des voitures. Graffitis peints sur la route. Panneaux posés sur les arbres. Difficile ce mercredi de passer à côté du « Non aux Eoliennes » inscrit dans la vallée de l’Oule par les opposants, regroupés au sein de l’Association Pivoine. Il faut dire que la région avait organisé ce jour-là, une très large réunion de concertation, réunissant les techniciens, des élus, des membres d’association, ainsi que des personnes sensibles à la cause environnementale.

« Concertation », c’était le mot d’ordre lance par le Conseil Régional afin de déminer un terrain délicat, où partisans et opposants s’affrontent de façon incisive. L’ordre du jour était construit sur le mode de la progression : d’abord une explication sur les dangers climatiques, puis un exposé sur les énergies renouvelables, et enfin en troisième partie, un débat ouvert sur le projet d’éoliennes de la vallée de l’Oule. Ingénieurs dans les sciences environnementales, Sylvain Godineau a donné quelques chiffres parlant sur la hausse des températures, ses causes et ses conséquences. Jacques Quantin, d’Energie et territoire développement, a poursuivi s’attardant sur les éoliennes. Pour lui, l’aspect visuel est une question de goût. Quant au bruit, l’impact peut être parfaitement maîtrisé avec de nouvelles technologies. C’en était trop pour Jacques Abensour, Président de Pivoine, qui affichait son opposition frontale, puis interrogait le technicien sur le bruit et les ombres portes. Robert Delage, maire de Saint-Dizier en Diois lui emboîtait le pas sur l’aspect acoustique qui l’inquiète particulièrement.

Des réticences dans la Drôme

La réponse ne se faisait pas attendre : les éoliennes sont soumises à des permis de construire et à des études des services de l’état. Elles se doivent donc de respecter les normes en vigueur. Sans vouloir préjuger sur le projet Oulien, un représentant de la Ligue de protection des oiseaux exprimait ensuite son inquiétude sur la diminution de la biodiversité généralement constatée autour des éoliennes.

On entrait ensuite dans le vif du sujet. Gérard Tenoux, Président de la Communauté de Communes et principal artisan du dossier, en rappelait les grandes lignes. A l’heure actuelle, le projet comprend 13 éoliennes susceptibles de développer environ 11 mégawatts, soit la consommation d’énergie de 8200 foyers. Michel Fernandez, Secrétaire de l’Association Pivoine, dénonçait un « manque de cohérence du projet ». Côté drômois, les élus prêchaient la concertation. Et demandaient, à l’instar de Paul Arnoux, conseiller général de Séderon, que des contacts soient repris entre les communes. Difficile cependant de revenir en arrière, en sachant que les conseils municipaux de Saint-Dizier et Valdrôme ont exprimé leur refus du projet par délibération. Cela étant, Gérard Tenoux s’est dit prêt à en faire d’avantage encore pour renouer le dialogue. Il a aussi repris l’idée, évoquée dans les débats, de mettre en place une participation des habitants au financement des éoliennes et d’ouvrir cette possibilité aux trois structures intercommunales limitrophes du projet. Le Président de Gîte de France, Lucien Moure-Miellou, a exprimé ensuite son soutien. « Nous sommes pour, et nous sommes très intéressés par ce que ce projet va permettre de revivifier une vallée ». Plusieurs témoignages ont appuyé ensuite le projet. Comme celui de Pierre Chastan, « Citoyen du Monde » qui a remis en 2001 une pétition de 9 millions de signatures à Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU pour une terre plus propre. « Il faut penser aux générations futures et prendre des décisions comme si elles étaient devant nous, à nous regarder ». Enfin, l’idée d’un référendum local a été lance par Christian Graglia, et repris par Bernard Buis, conseiller général de la Drôme et Nicolas Rosin, conseiller général de Rosans. Une idée qui n’est pas au goût du jour selon Gérard Tenoux, qui entend développer la concertation au sens large et à deux niveaux : avec les institutionnels et auprès des populations et des associations. Avec ce mot d’ordre : « Réfléchir globalement pour agir localement ».

Lionel ARCE-MENSO

Ce qu’ils en disent :

Jacques Abensour, Président de l’Association Pivoine : « Les éoliennes, c’est fantastique d’horreur ».

Paul Arnoux, conseiller général de Séderon : « Il faut que des contacts soient renoués entre les communes de la Drôme et des Hautes-Alpes pour éviter d’allumer des guerres civiles dans des zones de 400 habitants ».

Christain Graglia, ancien vice président du conseil régional : « Le réchauffement climatique, c’est une bombe à retardement. D’ici 20 ans, la moitié de nos stations de ski aura disparu. On ne peut pas se con tenter d’être un département d’assistés qui tend la main. Des élus locaux ont bâti un projet autour d’une de nos richesses naturelles : il y a là (le projet éolien) quelque chose de prometteur, une piste intéressante »

Jean-Michel Arnaud : conseiller général des Hautes-Alpes : « Quelqu’un a exprimé l’opposition d’Hervé Mariton, député de la Drôme au projet. Ce n’est pas parce qu’on est au confins de la Drôme et des Hautes-Alpes qu’on ne peut bâtir des projets. Je suis choqué que l’on puisse mettre des oukases et des a priori. »

Lucien Mourre-Miellou, Président départemental des Gîtes de France : « Je voudrais dire aux gens de Pivoine qui prétendent défendre l’environnement que ce n’est pas en badigeonnant la route comme ils l’ont fait qu’ils en apportent la meilleure preuve ».

Un adhérent de Pivoine : « La peinture a été soigneusement choisie. Deux trois coups de flotte, et elle sera partie ».