Les travaux de construction de la ferme éolienne de Fécamp sont suspendus

Source : drakkaronline.com

Dans son jugement du 13 août, la cour administrative d’appel de Douai a retenu l’action en référé engagée par l’association Bien Vivre en Caux. Cette décision a eu pour effet immédiat de bloquer les premiers travaux de construction de la ferme éolienne de Fécamp. C’est une nouvelle péripétie dans la conduite de ce dossier qui remonte à plus de 7 ans.

En 1997, l’ancien président de la CCI de Fécamp, Jacques Duchemin, développait l’idée de construction d’un parc éolien sur le pays des Hautes Falaises. Ce projet était conforté par une étude cartographique demandée par le conseil régional et qui montre que la zone de Fécamp dispose de l’un des meilleurs sites de vent de Haute-Normandie. Avec l’appui de la CCI de Fécamp, de la ville, du Conseil régional et de l’Ademe, il recevait en 1999 le label européen Eole 2005 en raison de ses qualités environnementale et paysagère. Il s’agissait alors de construire en haut des falaises sur la Côte de la Vierge, sur une zone frontalière située entre les communes de Fécamp et Senneville, une ferme éolienne de 10 aérogénérateurs de 750 kW (hauteur 75 m). Le chantier de 9 M€ était piloté par la SIIF (Société d’investissement industriel de France), filiale d’EDF.

Tout semblait donc aller pour le mieux d’autant que l’association Bien Vivre en Caux qui avait fait avorter un mauvais projet éolien sur la commune proche de Angerville La Martel (machines à moins de 150 m des habitations), se félicitait en novembre 2000 du dossier fécampois. Or, quelques mois plus tard, elle parvenait à convaincre le conseil municipal de Senneville (par 7 voix contre 6) à renoncer à la ferme éolienne.

Soutenu par la population et la communauté de communes, Fécamp continuait avec un projet réduit de fait à 5 éoliennes. Le permis de construire accordé par la préfecture le 15 octobre 2001 sera contesté par l’association Bien Vivre en Caux qui sera déboutée par le tribunal administratif de Rouen en décembre 2003.

« Deux années auront donc passé sans que l’on ne puisse rien faire », déplore François-Marie Michaux, élu vert de Fécamp, et ardent défenseur du projet. Seule une prorogation d’un an du permis de construire par le préfet (dont la validité est normalement de deux ans) permet de poursuivre l’opération. C’est donc le 15 juin dernier, 6 mois avant la fin définitive de validité du permis, que les travaux ont commencé. Bien Vivre en Caux a engagé aussitôt un référé en suspension.

Dans son rendu du 13 août, La cour administrative d’appel a jugé recevables les arguments selon lesquels ces travaux provoqueraient des dommages irréversibles sur la côte de la Vierge et a émis des doutes sur la légalité du permis de construire. « Au nom de la ville, je conteste cette décision », répond François-Marie Michaux qui signale sur le site un sémaphore, un pylône de téléphonie mobile et les vestiges d’une ancienne usine d’incinération alors que la révision du POS vise au contraire à renforcer la protection du site avec l’élargissement de la bande littorale, la création d’une réserve ornithologique et l’établissement d’une zone Natura 2000. « La première habitation se situe à plus de 350 m derrière un clos masure et les autres à plus de 1 kilomètre sur la commune de Senneville ».

Désormais, il faut attendre le jugement sur le fond qui devrait intervenir avant fin 2004 pour connaître l’issue du dossier. Dans l’attente, les travaux sont bloqués. À Fécamp, on veut se convaincre que cette décision n’obère pas le lancement de la plate-forme technologique de développement d’énergies renouvelables validée le 15 juin 2004 avec le concours de l’université du Havre et qui est présentée comme un gisement d’emplois nouveaux et de haute valeur ajoutée dans une la ville en difficile reconversion industrielle. Sans la ferme éolienne, elle serait difficilement viable sur le long terme.