LES PARCS ÉOLIENS EN MER ET L'IMAGE TOURISTIQUE DE LA RÉGION

Didier Denestebe Conseiller municipal d’ Agde (Communiqué de Presse)

Le vent comme emblème ?

Agde est devenue l’une des premières destinations touristiques littorales françaises. Ce développement représente aujourd'hui un élément essentiel de notre économie locale : - 150 000 lits - 15 Millions de nuitées, dont plus du tiers correspond à une clientèle étrangère - Un chiffre d'affaires de 700 Millions d’euros - 6000 emplois directs ou indirects générés.

En outre, cette activité participe à la croissance démographique de la commune avec un taux de croissance plus de 1,5 % par an, qui place notre ville en tête au niveau national. Car c'est la conjonction de la proximité de la mer, du cadre de vie, de la qualité de l'environnement, de l'animation, notamment au plan culturel, et du dynamisme économique local qui attire une population nouvelle. Toutes les municipalités, tous les bâtisseurs et tous les promoteurs d’Agde depuis trois décennies ont été particulièrement soucieux de préserver les composantes du développement de manière à le rendre durable. Face à ce constat, l'implantation d'éoliennes en mer constitue un enjeu positif avec l'émergence d'une énergie renouvelable, source de revenus et de quelques emplois, mais aussi et surtout dangereusement négatif par la modification d'image qu'elle pourrait entraîner avec des répercussions sur la fréquentation touristique et la croissance démographique. Il faut évaluer mieux les enjeux liés à l'activité touristique et ne pas se jeter sans réflexion dans un projet susceptible de détruire les assises touristiques qui sont le socle de notre économie. Mise à part une présentation orientée au palais des congrès, il n’y a pas d’écoute, pas de débat, pas d’information... et déjà la compagnie du Vent (Shell) parade en annonçant « Un large consensus des riverains et des touristes ! » L’ ensemble des présentations du projet et des enquêtes « Eoliennes « est fait à décharge et de façon volontairement laudative. Et pourtant, dès 2001, toutes les institutions, tous les acteurs du développement touristique concerné ( Centre Régional, Départemental et Offices Municipaux du Tourisme) ainsi que les représentants des professionnels ont débattu sur le sujet. Le risque que ferait peser l'implantation d'éoliennes en mer sur l'image d’Agde mais aussi sur toute notre côte Languedocienne et sur l'activité touristique est grand. Les professionnels du tourisme questionnés ont estimé que le risque était réel.

Tous les efforts réalisés ces dernières années en matière de communication ont visé à améliorer l'image de la station afin de «gommer» les facteurs de baisse de la fréquentation que sont - Un littoral« bétonné» suite aux campagnes de communication sur l'immobilier de loisir, lancées dans les années quatre-vingts ; - Un littoral venté et donc peu accueillant.

L'implantation d'éoliennes en mer va donc à l'encontre des efforts de communication engagés, en modifiant l'image de la mer et en rappelant que le vent est souvent présent. . L'activité touristique doit faire face à un marché de plus en plus concurrentiel. En effet, grâce à la circulation de l'information (internet notamment) et du développement des moyens de transport (autoroute, TGV, lignes aériennes), la clientèle est de moins en moins captive et peut changer de destination très rapidement. Une modification de l'offre touristique a immanquablement des répercussions sur la fréquentation. Si le contenu touristique est moins attrayant, le maintien de la fréquentation ne peut se faire qu’ en bradant le prix des biens et des services avec des incidences négatives sur la clientèle, sur la santé financière des entreprises et sur le nombre d’emplois liés au tourisme qui pourrait régresser. Les problèmes de concurrence seraient moins cruciaux, si tous les littoraux concurrents du Cap d’Agde se lançaient dans l'éolienne en mer. Ce ne sera certainement pas le cas de nos rivaux de toujours qui se garderont bien de prendre un tel risque. Enfin, c'est le profond changement d'image de la mer au niveau de sa perception visuelle qui peut porter préjudice. L'implantation d'un seul parc d'éoliennes en mer, très localisé, même s'il est visible en de nombreux points du Golfe du Lion ne modifiera pas l'image de la mer. Mais un véritable développement, puisqu'il s'agit bien de ça, avec plusieurs sites regroupant des champs d'éoliennes, va totalement briser la notion « d'infini» qui est attachée à la mer, et plus particulièrement sur notre côte Agathoise du fait de sa configuration rectiligne et basse, où rien n'accroche le regard. L’implantation de champs d’éoliennes risque d’avoir un impact visuel fort beaucoup plus important que les éoliennes terrestres dont le champ de visibilité est limité par le relief, les 34 éoliennes prévues donneront un effet de « barre « dans le paysage. N'ayant plus une image «habituelle» et recherchée, il est possible que la clientèle touristique se détourne de notre littoral qui s'agisse de clientèle de passage ou résidente.

Deux chiffres : 42 % de notre clientèle vient pour être en bord de mer... 35 % pour la beauté des paysages ! Ne pas prendre en considération ces chiffres émanant de l’office régional du tourisme serait naïf voire suicidaire. La mer est un espace totalement vierge. Avant de l'aménager, il convient d’évaluer le risque à long terme du changement radical de cet état. Mettre en avant la valorisation des activités touristiques au travers des visites guidées du parc d’ éoliennes en bateau ou des parcours sous-marin , autour des structures immergées sous les éoliennes ...comme le font les promoteurs du projet , c’ est prendre les professionnels du tourisme et la population tout entière pour des imbéciles !

Ne pas prendre en compte que ce changement d’état pourrait également avoir des conséquences désastreuses sur la valeur foncière de nos appartements, de nos villas, de nos commerces et sur le devenir de nos emplois est irresponsable. Au travers de tout cet argumentaire, il est légitime de s’interroger sur l’intérêt qui pousse le maire d’ Agde, Gilles D’Ettore à se faire l’ambassadeur d’une société : SHELL WIND émanant d’un groupe pétrolier plus connu, à ce jour, pour son impact négatif sur l’ environnement que pour sa préservation. Ce n’est pas en faisant miroiter les 450 emplois très spécialisés qui n’existeront que pendant la mise en place ponctuelle de l’installation ou encore un apport de taxe professionnelle illusoire qui diminuera de 50 % au bout de deux ans et qui sera ensuite dégressif que Gilles d’Ettore trouvera des arguments pertinents pour soutenir ce projet industriel. Quelle occasion manquée, alors qu’ il aurait pu, plus intelligemment, être l’artisan et le promoteur d’autres orientations plus en phase avec nos problèmes spécifiques et nos atouts touristiques : - L’énergie biologique dite biogaz résultant de la décomposition des résidus de la station dépuration et de nos déchets ménagers. - Et surtout, l’énergie solaire plus en adéquation avec l’image touristique ensoleillée de notre Ville.

Lors des réunions organisées pour l’ étude par les services de l’ Etat de l’ impact de l’ implantation des éoliennes, les organismes référents en matière touristique ont unanimement adopté la position suivante : L'implantation des éoliennes en mer sera préjudiciable au tourisme littoral. Curieusement le rapport qui en a découlé est resté strictement confidentiel !... Deux ans après la rédaction de ce rapport toutes ces préconisations devraient-elles rester lettre morte pour quelques malheureux subsides pouvant retomber dans les caisses d’une communauté d’agglomération , dont on nous annonce pourtant par ailleurs que les finances sont saines ? Que les promoteurs du projet fassent miroiter des « barils de recettes fiscales « à nos élus ... passe encore ! Qu’ils distillent dans l’opinion des arguments d’éco-citoyenneté en faisant des comparatifs de rejets atmosphériques avec une centrale nucléaire ... c’est un raccourci absurde car il n’a jamais été question de ce type d’installation dans notre région. Mais la cerise sur le gâteau... c’est lorsque ces derniers mettent en avant avec fierté que 89 % des estivants concernés continueront à y venir en vacances ... Et bien voyez vous messieurs 89 % c’est bien évidemment VOS chiffres et je les conteste... Et quand bien même seraient-ils vrais ... cela signifie que 11 % de notre clientèle ne reviendra plus jamais en Agde à cause de vous ! Ce n’est pas avec ce type d’arguments que vous donnerez de la solidité a ce qui n’est que du vent... Et comme cadeau de bienvenue à nos visiteurs agathois je préfère réserver un vent de sable a un vent de folie.

Ce sujet engage notre avenir et celui de nos enfants au-delà même de la période du mandat électif de nos élus. Mon attachement aux valeurs démocratiques et républicaines m’ incite à inviter avec détermination Gilles D’ Ettore à mûrir sa réflexion et à revenir sur sa décision pour ne pas nous engager dans un processus irréversible sur un sujet aussi crucial engageant notre responsabilité au-delà de la génération actuelle. Il serait donc judicieux, sur un débat d’une telle importance que ce soit la population qui tranche par voie d’un référendum local qui aujourd’hui, prend tout son sens.

Sans pression, sans manipulation, et à l’occasion d’un véritable débat, le choix des électeurs nous dira alors dans quel sens souffle le vent de l’opinion. Cette opinion publique qui ne peut être que le reflet d’un vent de sagesse ...

Didier Denestebe Conseiller municipal d’ Agde ( 34 ) Contact : 06 09 52 62 72