Les salades des Verts

Source : Le Figaro (édition du 5/08/2004 - Figaro Littéraire)

PAR PHILIPPE SIMONNOT

Le discours catastrophique qui domine chez les écologistes pourrait bien être la plus grande imposture de notre temps, une sorte de nouvel opium qui, après avoir drogué les intellectuels et les politiciens, fourvoierait le bon peuple. Telle est la conclusion que l'on tire après la lecture du pavé de Bjorn Lomborg, qui démonte pièce à pièce la machine rhétorique des Verts. Professeur de statistique à l'université d'Aarthus au Danemark, l'auteur a été membre de Greenpeace. Un jour, il est tombé sur une interview de l'économiste américain conservateur Julian Simon qui soutenait que la plupart des connaissances traditionnelles sur l'environnement étaient erronées. Avec ses étudiants, le statisticien danois a eu la curiosité de vérifier les données de Simon. Ce fut son chemin de Damas ! La thèse du professeur était juste. Depuis, M. Lomborg ne cesse de répandre cette nouvelle «bonne nouvelle» : la planète se porte mieux, non seulement chez les pays riches, mais aussi chez les «damnés de la terre». Voici les principaux points de son évangile. Les prix alimentaires n'ont cessé de diminuer, ce qui signifie que les gens, même dans les pays pauvres, se nourrissent mieux, et que l'on meurt de moins en moins de faim, alors même que la population mondiale continue d'augmenter. En moyenne dans le monde, l'espérance de vie, qui était de 30 ans en 1900, est aujourd'hui de 67 ans. Même dans les pays du tiers-monde, les gens peuvent espérer vivre plus longtemps que la moyenne des Américains ou des Anglais à la fin des années quarante. Dans presque tous les pays la misère a reculé davantage au cours des cinquante dernières années que dans les cinq cents années précédentes.

[...]
Les conséquences des marées noires sont grossièrement exagérées. Ainsi, les 250 000 oiseaux tués par le naufrage du pétrolier Exxon Valdez sont moins nombreux que ceux tués en un seul jour aux Etats-Unis par collision contre des vitres. Pour ne rien dire des 70 000 oiseaux massacrés chaque année par les ailes d'une éolienne.

[...]
Comment expliquer qu'un nouvel opium ait ainsi drogué tant de monde ? Les médias sont en partie responsables. Les catastrophes font vendre plus de papier que la nouvelle toute prosaïque du progrès général du niveau de vie. Mais on doit compter aussi avec l'intérêt des organismes de protection de l'environnement qui ont pullulé ces dernières années. Il faut justifier les crédits et les emplois des instituts de recherche spécialisés dans ce domaine.