Hautes-Alpes : Entre Buëch et Dévoluy, terres de TRANSITIONS

Source : Le Bien Public

Avec à peine moins de 2 100 mètres d’altitude, la partie occidentale du département des Hautes-Alpes introduit les grandes Alpes celles des sommets enneigés et des vallées reculées.

SERROIS, Laragnais, Veynois, Bochaine… Ces noms sont ceux de quelques-uns des pays qui composent celui du Buëch, la partie occidentale du département des Hautes-Alpes.

Autant de pays, autant de territoires contrastés, tantôt couverts de forêt, comme le Bochaine, vaste dépression aux portes des montagnes baronnyardes (les Baronnies, dans la Drôme voisine), tantôt décors de carte postale, avec son moutonnement de colline comme dans le Laragnais. Nous sommes encore ici en moyenne montagne, celle qui grimpe jusqu’à 1 600, voire 2 000 mètres d’altitude, juste ce qu’il faut pour convaincre les moins expérimentés d’entre vous de se laisser tenter de découvrir ces coins somptueux, où d’imperceptibles influences méditerranéennes (encore !) laissent pousser thym, genêts et autres chênes pubescents… Ce pays de terrasses agricoles n’a pas grand chose à voir avec le Dévoluy voisin. Vaste bassin suspendu – en réalité un synclinal perché, et même très haut perché – le coin contraste pas son aridité, mais surtout par l’étonnante « dentelle de pierre » de ses pics déchiquetés, ses cavités innombrables : l’épaisse dalle de calcaire locale a largement été entamée par l’érosion qui décrit toutes les formes de l’érosion karstique.

Paradis des alpinistes et des grimpeurs, le Dévoluy l’est aussi pour les spéléologues de tous poils (de préférence confirmés, quand même…), sans parler des pécheurs qui trouveront dans les torrents et les rivières de quoi engager de vrais bras de fer.

Ce décor très découpé, véritable cours de géomorphologie appliquée, tranche avec les eaux planes du lac de Serre-Ponçon dont la surface est très largement consacrée aux sports d’eau, du canoë à la voile… Pour l’anecdote, il ne s’agit pas là d’un énième lac de montagne plus ou moins glaciaire, mais bien d’une retenue d’eau artificielle, pas moins de 3 000 hectares de superficie – une des plus grandes d’Europe – qui peut contenir de 1,2 millions de m3 d’eau à des fins énergétiques : l’usine souterraine peut produire au moins 700 millions de kWh par an !

La principale ville à profiter de ce site superbe, sur fond de montagnes échancrées, est Gap, bien sûr, la capitale locale plantée au milieu d’un paysage de transition entre les belles collines quasi provençales du Buëch et les escarpements alpins de l’est. Parcouru par l’axe historique de la Route Napoléon, le Gapençais est un des royaumes des cyclotouristes, qui trouvent dans les vallées les zones planes qui reposent les mollets avant de monter à l’assaut des montagnes environnantes, comme celles de Céüse ou de Charance, aux portes du Champsaur, pays enroulé autour de la vallée du Drac. Ce pays décrit en fait la terminaison sud du sillon alpin entre les Préalpes et les Grandes Alpes. Agriculture et élevages maintiennent ici un paysage bucolique de bocage d’altitude – la vallée est à plus de 1000 m – parsemé de bourgs et fermettes isolées, un cadre enchanteur pour un séjour dépaysant…